Le 29 octobre 1789, l’Assemblée constituante suspendit provisoirement l’émission des vœux dans les monastères. Le 13 février 1790, elle supprima les ordres religieux. A la suite de ces décrets, le 4 août 1790, les membres du Directoire du district de Compiègne se présentèrent chez les Carmélites. Ils dressèrent l’inventaire de leur mobilier, titres et papiers. Ils permirent aux religieuses de sortir de leur couvent, sans toutefois leur défendre d’y rester provisoirement en congrégation libre.
Une nouvelle visite domiciliaire eut lieu le lendemain, 5 août. La communauté se composait de quinze religieuses de chœur et de trois sœurs converses. Les révolutionnaires les firent venir l’une après l’autre dans la grande salle de la communauté, et placèrent des soldats en sentinelle aux deux portes de cette pièce et dans les cloîtres. Ils interrogèrent toutes les religieuses en particulier sur les motifs de leur vocation et leur dirent « Nous vous apportons l’heureuse nouvelle de votre délivrance: vous pouvez maintenant, sans crainte, rentrer dans vos familles et jouir enfin du bonheur que l’on a voulu vous ravir en vous renfermant dans ce triste séjour. »
Toutes rejetèrent cette offre et dirent qu’elles étaient entrées librement au couvent et y avaient trouvé la paix et le bonheur. Leurs déclarations furent signées séance tenante, et nous en avons sous les yeux la reproduction. (le fac-simile de ces déclarations est visible encore aujourd’hui au Carmel de Jonquières)
L’arrestation et l’emprisonnement des Carmélites de Compiègne eurent lieu près de deux ans après qu’elles avaient été forcées de quitter leur monastère. Certaines sœurs ne furent pas guillotinées avec les autres: Sœur Pierre de Jésus qui mourut à Compiègne le 31 octobre 1792; Sœur Stanislas Le Gros qui s’était rendue chez elle au moment de l’arrestation pour consoler son frère dont la femme venait de mourir; Sœur Thérèse de Jésus qui l’avait accompagnée; Sœur Jésus-Maria, morte le 20 février 1791; Sœur Marie de l’Incarnation, retenue à Gisors par des affaires personnelles.