Nous racontons ici la véritable histoire des Carmélites de Compiègne, puis nous expliquerons comment, à partir d’une histoire vraie, est née l’œuvre de Bernanos.
Les Carmélites de Compiègne mortes pour la foi sur l’échafaud révolutionnaire, par l’abbé A. Odon, curé de Tilloloy (Somme), 1897
INTRODUCTION
Madame Elisabeth de Louvencourt, qui avait épousé messire Antoine Trudaine, trésorier de France en la province de Picardie, et donné une fille au Carmel, était plus distinguée encore par sa piété que par sa naissance. Devenue veuve, elle se retira dans un appartement de la cour extérieure des Carmélites d’Amiens. Elle fut tellement édifiée de la régularité et de la ferveur de ces religieuses, qu’elle conçut le désir de fonder, avec leur concours, un monastère de leur Ordre. On hésitait entre Senlis, Soissons et Compiègne. Cette dernière ville « fut désignée par le sort, ou plutôt par une disposition de la Providence, qui voulait placer près de la résidence royale un asile de prière et de mortification chrétienne » (Mgr Gignoux, évêque de Beauvais, 1867).
Les Supérieurs choisirent, pour être les pierres fondamentales de cette nouvelle maison, six Carmélites du couvent d’Amiens et deux du second monastère de Paris. Elles arrivèrent toutes à Royal-Lieu, près de Compiègne, le 18 avril 1641, et furent reçues dans cette célèbre abbaye par l’Abbesse, Madame de l’Aubépine, sœur du Chancelier de France, avec des marques de profond respect et d’extrême bienveillance. L’évêque de Soissons, dans le diocèse duquel se trouvait alors Compiègne, était Monseigneur Simon Le Gras. Le prélat bénit solennellement le local préparé pour les épouses de Jésus-Christ et y établit la clôture.
La première Prieure fut la Mère Marguerite de Jésus (Marguerite des Rousseaux), de Tours.